BF : Comment avez-vous réalisé que vous vouliez vous consacrer à l’architecture et au design d’intérieur ?
MF : Je suis la fille d’un architecte, j’ai grandi dans une maison spécialement conçue par mon père. Mon environnement et mes aptitudes artistiques m’ont toujours conduit sur la voie de l’art et de l’architecture. J’ai toujours aimé ce qui se passe autour des êtres humains tant au niveau urbain (j’ai un diplôme d’architecte urbaniste), comment ils se déplacent, comment ils se rapportent à la circulation, aux espaces de loisirs, aux espaces verts, au voisin d’en face ; ainsi que ce qui se passe à un niveau plus rapproché, les proportions d’une pièce, la hauteur du dossier de la chaise, la forme de l’assise, l’aménagement de la pièce, l’éclairage, la couleur, l’ambiance dans la maison, et aussi dans un lieu public, comment créer une ambiance de fête, ou de calme, selon le cas. Thématiser un espace est un beau défi.
BF : Comment se sont déroulés vos débuts dans le monde du design ?
MF : J’ai toujours peint et fait de l’artisanat. Chaque week-end de mon enfance, je me consacre à essayer de nouvelles techniques. Cela m’a toujours amené à expérimenter des matériaux variés, à les toucher, à les ressentir, à les connaître. De plus, j’ai toujours aimé le design industriel et j’ai voulu innover et expérimenter, j’ai même concouru en fabriquant une lampe avec un œuf d’autruche. Depuis mes débuts dans le monde du travail, j’ai eu l’opportunité de réaliser des rénovations en design d’intérieur et ce fait s’est développé jusqu’à aujourd’hui où je m’y consacre presque à 100%. Il est apprécié que mon père, en tant qu’initiateur, et mes supérieurs ultérieurs aient opté pour mon imagination. L’ouverture d’esprit des promoteurs des œuvres a été d’une importance cruciale, pensant que le design était un point de valeur dans leur entreprise.
Hôtel Dénia Marriott La Sella, Espagne
BF : Quelles ont été vos sources d’inspiration ?
MF : Je reçois des sources sur plusieurs fronts. Je suis observateur et retiens beaucoup sur le plan visuel. Des performances, de la peinture, de la photographie, de la nature, une pièce de théâtre, un film, un carrelage, un tissu, il ne faut se fermer à rien. Chaque projet nécessite une nouvelle pensée, une nouvelle histoire, et les sources sont orientées d’un côté ou de l’autre selon ses besoins. Dans un projet, il peut s’agir d’une punaise de veste et dans un autre du châle d’une fallera ou dans un autre d’un cerf-volant géant.
BF : Selon vous, qu’est-ce qui vous caractérise personnellement et vous aide à atteindre vos résultats ?
MF : Mon travail constant, ma recherche incessante de nouvelles idées, pour créer de nouvelles expériences. J’aime surprendre, faire quelque chose de différent de ce à quoi nous sommes habitués. Cela m’arrive à un niveau personnel, je cherche toujours de nouvelles voies pour atteindre mon objectif.
BF : Que recherchez-vous dans chaque nouveau projet ?
Hôtel Ushuïa Tower, Ibiza, Espagne
BF : Qu’est-ce qui vous passionne le plus lorsque vous démarrez un projet ?
MF : Le nouveau, surtout. Chaque projet est un nouveau point de départ pour une histoire fantastique. Si le projet est également meilleur en équipe, alors nous nous appuyons tous sur les opinions des uns et des autres et le projet devient un beau combat vers un objectif commun.
BF : Quel est le projet qui vous a le plus plu ?
MF : J’ai eu l’opportunité de collaborer à la création de l’hôtel Ushuaïa Tower et de l’hôtel Hard Rock à Tenerife. Les deux hôtels ont une clientèle qui a envie de passer un bon moment et qui souhaite se laisser surprendre dans une ambiance de folie. Ce fut une expérience très amusante et enrichissante sur le plan personnel et professionnel.
Hôtel Ushuaia Tower, Ibiza, Espagne
Hôtel Hard Rock Ténérife, Espagne
BF : Selon vous, quelle est la chose la plus difficile en matière de design d’intérieur ?
MF : Tout d’abord, que le promoteur comprenne que le Design d’Intérieur est une des clés de son métier, qu’il ne s’agit pas d’installer une lampe mais de créer un environnement. Mon statut d’architecte m’amène à toujours penser à l’ensemble de l’enveloppe, à ses aménagements, à sa réglementation, en même temps qu’il faut créer un environnement adapté à chaque défi. J’aime traiter l’espace de manière globale, en pensant dès le départ au type d’éclairage, à l’ambiance, aux activités qui se déroulent dans cet espace. Une fois le promoteur convaincu, la deuxième difficulté est de créer le bon environnement pour que le client puisse ressentir l’expérience cible.
BF : Que souligneriez-vous le plus de votre expérience au sein du jury de notre Concours InterCIDEC 2018 ?
Il y avait beaucoup de talent dans le concours, et ce talent reste souvent caché parce qu’il n’y a aucune possibilité de le mettre en lumière. Donner l’opportunité de réunir de jeunes designers avec des marques de luminaires, de vinyles, de tapis, etc., avec des designers et des entrepreneurs confirmés du secteur, m’a semblé être une grande contribution à notre secteur.
Mónica Fullana, jury InterCIDEC 2018.
BF : Qu’est-ce que vous appréciez le plus chez Beltá Frajumar ? MF : Ses habitants, ses travailleurs, son bon environnement. Je me sens comme une équipe lorsque je travaille avec eux. J’apprécie grandement l’opinion de leurs professionnels, ainsi que l’esprit et la joie avec lesquels ils se lancent dans un nouveau défi. En plus de ses propres créations de meubles, il convient de souligner sa capacité à concrétiser tous les meubles créés par nous, designers, et à aller jusqu’au moindre détail.
BF : Comment définiriez-vous en un seul mot le sentiment que vous avez ressenti lorsque vous avez appris que votre projet était sélectionné aux Hostelco Awards 2020 ?
¡WOW!
BF : Que signifie pour vous être récompensé par les Hostelco Awards 2020 ?
MF : Le prix a été décerné pour la rénovation d’un hôtel Marriott que nous avons réalisé en collaboration avec Fraile Project, un hôtel qui avait perdu son rang, et nous avons réussi à le faire revendiquer par la marque, tout un défi. C’était le premier projet de notre carrière solo après avoir collaboré dans plusieurs studios, donc la joie était immense. Cela nous a placé, ainsi que le studio que je forme avec Antonio Albaladejo, dans une position importante et visible dans les études espagnoles.
Hôtel Dénia Marriott La Sella, Espagne
BF : Quel est le prochain projet qui vous passionne le plus ?
MF : Eh bien, après cette crise sanitaire et financière, il semble que d’autres nouveaux projets démarrent. J’aimerais pouvoir continuer dans la lignée des hôtels fun et fous, où la créativité a sa valeur maximale et travailler à nouveau avec une super équipe où l’on partage des idées et des sourires.
BF : Selon vous, qu’est-ce qui a fait la différence en 2021 dans votre studio ?
MF : Le prix a été plongé dans une pandémie et une crise financière, de sorte que la bombe qu’aurait pu provoquer l’annonce de ce prix Hostelco et la rencontre avec des personnes liées à celui-ci lors de la soirée de remise des prix s’est estompée. Cette année a permis de continuer à apprendre (j’ai déjà obtenu mon deuxième master en design d’intérieur), à envisager l’avenir, le chemin à suivre, à concourir et à élargir les collaborations. Il a également servi à réfléchir sur certains thèmes de conception désormais touchés par le virus : matériaux, itinéraires, horaires, nouvelles expériences, confluences, coexistence. Nous avons pris le côté positif du négatif.
BF : Que diriez-vous aux jeunes qui viennent de débuter dans ce beau métier ?
MF : Je les encouragerais à penser au-delà, à réfléchir sur l’être humain et son comportement et à créer de nouvelles expériences capables de nous faire profiter et d’ouvrir notre esprit.
